would you like me ? - FREE

Aussi loin que remontaient mes souvenirs, jamais les musées ne m'avaient attirés. Or, parvenu à sa hauteur, il me sembla trouver de l'intérêt pour ce bâtiment chargé d'histoire et de connaissances. Cette attraction, injustifiée et pour le moins bizarre, faisait partie de l'évolution inexplicable de mon esprit.
Je pénétrais à l'intérieur et reconnut l'odeur du bois poli. L'hôtesse -un hologramme- m'accueillit avec enthousiasme. Son large sourire était semblable à ceux des clowns. Forcés, faux et effrayants. Je la saluais d'un rapide signe de tête puis m'engagea dans la première allée. Sur les murs: des tableaux. Sans jamais l'avoir lu ou vu, j'identifiais sans peine leur auteur. Mais j'eus les regarder pendant de longues minutes, je ne trouvais pas ce qui les rendaient si exceptionnels. Tout art autre que l'écriture, m'était inconnu et indéchiffrable.
Continuant mon exploration, je tombais sur la cafétéria du musée. Seule une dizaine de places sur la trentaine disponibles était occupée. Avant de m'asseoir, je m'avançais vers le comptoir et demandais une tartelette à la fraise. Dans ma bouche, sur ma langue, ce fruit rouge me ravissait et me comblait comme aucun autres fruits ou aliment. Avant même d'atteindre une table, j'en avais mangé la moitié sans pour autant toucher à la pâtisserie.
Je profitais de ma dégustation pour jeter un coup d'œil aux alentours. A ma droite, un couple plus occupé à se bécoter qu'à autre chose. Un peu plus loin, la plus grande table de la pièce était assiégée par un groupe de quinquagénaires discutant d'une œuvre d'art, ou de je ne sais quel fossile. Complètement absorbés, le monde extérieur semblait leur être indifférent. Je m'imaginais très bien la raison de leur présence sur Atria. Ce devait être des chercheurs qui, pour discuter tranquillement sans devoir quitter leur pays pour se rencontrer, s'étaient donnés rendez-vous sur la plate-forme virtuelle. De ce point de vue, on ne pouvait que féliciter et remercier le créateur à l'origine de Atria. Cependant, ils finiraient par aborder toutes les sujets de conversation et ne plus savoir quoi ce dire. Alors, ils réaliseront le danger dans laquelle la situation actuelle les plonge.

Une nouvelle bouchée et je me retourna vers les personnes sur ma gauche. Un groupe de deux amis avait une table remplie de nourriture en tout genre. Ils mangeaient si vite que je me demandais s'ils mâchaient.

« Hé ! Salut ! »

En face de moi, une silhouette longiligne me regardait avec ses yeux de biche. J'avalais la dernière fraise et esquissa un sourire.

« Oui ? »
« Désolé de te déranger mais tu ne saurais pas où est la sortie ? »

Là, quelques mètres derrière elle, une énorme pancarte fléchée indiquait la direction qu'elle cherchait de manière si désespérée. Ne pas profiter de la situation aurait été stupide. J'écartais la chaise et prit les devants.

« Je t'accompagne si tu veux. »

L'étirement de ses lèvres en disaient long sur son enchantement. Durant le peu de temps que dura le trajet, elle me fit la conversation en laissant intentionnellement son épaule toucher la mienne. J'acquiesçais, riais quand c'était nécessaire. Le but atteint, elle m'attrapa la main et m'y glissa un bout de papier chiffonné. Un clin d'œil et elle disparut. Inutile de regarder ce papier de plus près pour comprendre que dessus y était inscrit son numéro de téléphone.