«
J’arrive pas à croire que tu ais pu me faire ça !! Lâche-moi ! Non ! J’te déteste Travis ! »
Travis, les bras ballants, venait de lâcher sa petite sœur en pleure. Elle s’était à présent effondrée sur le sol, en larme, courbée, perdue. Lui aussi était perdu. Il ne comprenait pas sa réaction. C’était fini. Elle n’avait plus rien à craindre ! On ne pourrait plus jamais lui faire de mal ! Il ne pourrait plus jamais lui faire de mal. Mais elle semblait terrorisée par ça. Terrorisée par un futur qu’elle ne pressentait pas. Le jeune garçon n’avait que seize ans. Il n’avait pas idée de ce qui se passait dans la tête de sa petite sœur. C’était comme un cauchemar qui ne voulait pas s’arrêter.
Travis savait déjà depuis tout petit que sa vie n’allait pas être une suite de bonnes choses. Il savait qu’il ne vivrait pas heureux tant que son père serait dans son histoire. C’est son géniteur, et c’est tout ce qu’il sera pour la suite des évènements. Quand on viole l’âme d’une femme, on n’en ressort jamais indemne. Quand on viole une femme, on ne s’arrête jamais à ça. On ne sait pas trop comment Travis comprit que sa mère était une femme prisonnière. Tout ce qu’on sait c’est qu’il ne supportait pas ça. Entendre son père le soir, saoul, ordonner à sa femme de venir dans la chambre. D’entendre ses pleures après…Et puis un jour tout s’arrêta. Comme quand on souffle sur une bougie déjà affaiblie par la cire autour d’elle. Ce fut la même chose pour la mère de Travis. Elle mourut, simplement…Comme on meurt d’une maladie. Mais ses derniers mots, Travis ne les oublia jamais. Comment peut-on oublier un secret si lourd, si affreux ? La famille allait plus mal que jamais. Mais le jeune garçon ne s’en était jamais rendu compte. Il avait tellement voulu protéger l’être qui semblait, pour lui, la plus en sécurité…Et pourtant…
«
Mais…Maddy…Je t’en pris…Si je l’ai fait c’est pour nous, c’est pour toi ! »
La jeune fille ne répondit pas. Un policier entra dans le salon. Il regarda étrangement Madison puis se tourna vers Travis, toujours aussi impuissant devant le chagrin de sa petite sœur. Secouant légèrement la tête, il se racla légèrement la gorge pour prévenir de sa présence. Travis se retourna, le visage décomposé. Que lui voulait-il encore ? Il n’avait pas assez fait de mal à sa famille ? Il fallait qu’en plus il dérange sa petite sœur ? Fronçant légèrement les sourcils, Travis se reprit. Il s’avança vers le policier qui lui adressa un sourire compatissant.
«
Elle s’en remettra…-
J’en doute…-
Pourquoi ?-
Parce que…-
Hum…Vous allez être envoyé dans des foyers différents. On ne peut faire autrement… »
Travis se recula légèrement. Il dévisagea le policier avant de sortir du salon en courant. Il aurait voulu ne jamais s’arrêter. Partir au bout du monde. Il aurait voulu que tout s’arrête. Qu’elle comprenne et qu’ils puissent vivre ensemble, heureux. Mais il ne pouvait pas. Il s’arrêta au milieu de la rue déserte. Il faisait nuit et l’air était froid mais lui, il avait chaud, extrêmement chaud. C’est là qu’il fondit en larme. Il tomba à genoux et enfouit son visage dans les mains en pleurant.
Les années passèrent sans qu’il ne revoie Madison. Il lui écrivit, bien sûr, mais il ne reçu jamais de réponse. Pourtant il n’arrêta pas. Il savait qu’un jour, elle lui pardonnerait. Peut-être pas maintenant, peut-être pas dans dix ans, mais un jour il pourrait la revoir et il vivrait heureux. Alors à chaque anniversaire, à chaque Noël, à chaque nouvel an, une lettre attendait Madison au foyer. Il ne savait pas ce qui se passait, mais lui, il avait trouvé la stabilité relative. Il ne considéra jamais sa nouvelle famille comme une famille définitive. Elle ne lui en tint pas rigueur. Après tout, même s’il n’avait pas eut de préjudice physique, le moral était atteint. Il fallait qu’il se reconstruise. Il fit des études dans l’informatique. Il devint plutôt bon, et dès qu’il le pu, il se trouva un appartement et invita Madison à venir vivre chez lui. Contre toute attente, elle accepta…
«
Maddy…Tu sais…Je m’en veux…J’aurai du t’en parler…-
Oublie Travis…C’est du passé…Oublions ça et construisons notre avenir. »
La jeune fille se blotti contre son frère. Tout les deux dans le salon du jeune homme, il allait construire leur avenir. Madison trouva un petit copain Trent. Au départ il ne savait rien de cette relation, il connaissait Trent et le considérait comme un très bon ami. Etrangement, même si la surprotection qu’il exerçait sur la jeune Madison était toujours présente, il ne vit aucun problème à ce qu’elle sorte avec Trent. C’était un gentil garçon, bien sous tout rapport. Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, et elle avait aussi le droit d’aimer.
Madison se remit de sa vie d’avant. Du moins c’est ce que pense Travis. Il la vit sortir, se faire des amis. Etrangement, même si ce ne fut pas le plus marqué, il était devenu plus renfrogné, plus distant. Mais il apprit à vivre aussi. Il fit la connaissance de plusieurs personnes telle que Ashleigh qu’il apprit à connaitre et à apprécié, même s’il avait un peu de mal au départ. En clair, Travis avait trouvé sa vie, sa place dans le monde. Seulement son monde changea du tout au tout quand le bug arriva. C’est ça quand l’informatique vous intéresse, vous finissez pas entrer dans un autre monde et vous oubliez le votre…
*
Travis avait l’habitude de trainer ici depuis quelques jours à présent. C’était vraiment terrible ce qui se passait. Ce n’était l’endroit le plus normal d’Atria mais c’était celui qui lui permettait de se souvenir qu’il y avait un autre monde. Qu’il y avait son monde. L’angoisse qui le reprenait à chaque fois qu’il appuyait sur déconnecter et que rien ne se passer. C’était un autre de ses cauchemars. Pourquoi ne pourrait-il pas vivre tranquillement, sans problème ? La vie voulait vraiment lui en faire baver, mais pourquoi ?
S’avançant doucement vers la plate-forme, le regard concentré, Travis allait encore une fois essayer. Il ne pouvait pas abandonner. Il fallait qu’il essaie encore et encore. Retrouver Madison. C’était tout ce qui importait en ce moment. Et sa seule chance c’était d’essayer chaque jour de sortir de cet enfer. Faisant glisser ses doigts sur la console, il lâcha un soupir. Il savait que ce n’était pas encore pour aujourd’hui, mais il fallait tenter. Entrant son pseudo et son mot de passe, il posa son doigt sur entrer. Le sang montait à son cerveau. Son cœur s’accéléra et il sentit ses jambes se dérober sous ses pieds. Appuyant une fois pour toute, Travis ferma les yeux. Après un moment il les réouvrit. Rien n’avait changé. La console était toujours là, devant lui. Comme un mauvais cauchemar.
«
Et merde… »
Tournant les talons, il enfourna ses mains dans ses poches. Avançant d’un pas tout aussi lent, il aurait voulu détruire cette chose. Le problème, et c’était un problème qui avait son importance, elle était intouchable. On ne pouvait la détruire. Et quand bien même ! Qui dit qu’il ne serait pas détruit avec ?
Sortant du Checkpoint, il se retrouva dans la rue. C’était comme une ville normale. Les gens étaient dans la rue, ils vivaient tous ici, comme lui. La plus part des gens, il ne les avait jamais vues. Certains lui disaient quelque chose, mais la plus part étaient de parfaits inconnus. Ils voyaient ces gens vivre dans l’insouciance, comme-ci ce n’était pas un problème d’être enfermer dans un monde virtuel. Pourtant, il n’était pas le seul à s’inquiéter. Mais il ne voyait que lui. Il aurait du lui dire qu’il l’aimait. La prendre dans ses bras avant qu’elle ne parte de l’appartement. Il aurait du la regarder plus attentivement et examiner chacun de ses traits pour ne jamais les oublier. Il aurait du passer plus de temps avec elle. Mais les regrets ne font pas vivre. Il fallait qu’il se reprenne. Comme il s’était reprit avec sa séparation avec Madison. Il lui écrirait chaque jour passé ici. Et quand il sortira, il lui donnera. Ca lui permettra de garder un contact avec le monde extérieur. Elle ne répondrait pas à ses lettres, mais elle n’avait pas non plus répondu à ses anciennes. Au moins, il la savait en sécurité. Elle était avec Trent et tout irait bien pour elle. Il ne fallait pas qu’elle l’oublie, c’était tout ce qu’il demandait.
Continuant sa route dans la ville, Travis lâcha un soupire. Que pouvait-il bien faire à présent ? Il avait un chez lui. Mais il n’allait pas rester cloitrer comme ça. Il fallait qu’il sorte, qu’il aille voir d’autres personnes. Peut-être qu’avec du monde, il trouverait une idée pour sortir de là. Ou au moins, il passerait le temps…