& loneliness

Le gravier couinait doucement sous ses chaussures et brisait le silence monotone de sa balade. Les maisons uniforme entre lesquelles elle se glissait lui donnait l'impression de vivre au pays des jouets. À part les couleurs pastels rien ne changeait et les gens se faisait rare. Cette ambiance lui donnait tellement la chair de poule qu'elle avait resserré son gilet. Ce geste lui rappela ce qu'elle était venu faire ici et, à l'approche du centre-ville, ou du moins ce qui y ressemblait, elle se dirigea vers la réserve vestimentaire. Son mode de vie légèrement vagabond l'obligeait à revenir régulièrement dans cet endroit et comme tout y était gratuit elle n'avait pas à se procurer de l'argent. Elle pouvait dormir dehors et user ses vêtements comme elle l'entendait sans s'en inquiéter. Mais son aspect commode gênait tout de même les quelques personnes déjà présentes à la réserve. Sycey leur lança un regard vide et indifférent avant de plonger la main parmi les étalages. Son regard s'était posé sur une robe noire, cintrée et fendue dans le dos. En glissant contre sa paume le tissu soyeux et charbonneux lui paraissait remarquable. Son esprit était littéralement tiraillé entre deux pensées et son regard azuré cherchait un secours auprès de sa jumelle.

/Ce n'est pas pour moi, tu le sais./
/Cette robe est parfaite pour nous et. . . Landcaster n'attendra pas pour te l'arracher./
/Tais-toi ! Tu dis n'importe quoi ! Gabriel est plus doux que tu ne le pense !/
/Ce n'est pas ce que j'ai pu ressentir la dernière fois. . ./
/Tu me dégoute.!/

Sycey était tellement dégoutée à l'idée que Gabriel puisse l'a désirer de façon si sauvage qu'elle avait jeté la robe par terre. Ou du moins en avait-elle fait le geste car sa main était restée fermée et l'a tenait étroitement.

/Qu'est-ce que tu fais ! Va l'essayer au lieu de grogner !/
- Non ! dit-elle en grinçant des dents.

Les deux seuls âmes qui trainaient encore ici s'éloignèrent un peu plus de la jeune femme. Elle avait l'allure d'une démone et son air furieux ne donnait pas envie de l'aborder. Ses membres tremblaient car ils essayaient à la fois de se relâcher et de se contracter mais, finalement, sa jumelle prit rapidement le dessus et elle rentra dans une des cabines d'essayages sans même lancer un regard autour d'elle. En se retrouvant face au miroir elle esquissa un sourire carnassier qu'elle pensait bien faire graver dans l'esprit de sa semblable. Puis bientôt elle avait déjà quitter ses vêtements et enfiler ses jambes à l'intérieur de la robe. En l'a faisant glisser sur sa peau elle exprima un petit soupir de contentement car la taille correspondait parfaitement avec la sienne. Il ne lui restait plus qu'à l'a fermer mais ses mains n'atteignaient pas les trois petits boutons à attacher. Demander de l'aide l'exaspérait mais montrer ses fesses à la population était peut-être bien pire dans cette situation. La jeune femme passa la tête à travers le rideau et avant même qu'elle eu pu prononcer quelque chose elle se retrouva face au néant. Elle était seule dans ce magasin et la nuit tombait doucement.

/J'ai bien envie de rire mais je te conseillerai plutôt de sortir d'ici si tu ne tient pas à rester coincer./
/Fais juste en sorte de la fermer. Ça m'aidera déjà beaucoup./

Le crépitement des flammes l'avaient finalement tiré de son sommeil. Encore inconscient, sa main tâtonna les alentours à la recherche d'un quelconque réveil. Un affreux bourdonnement entre ses deux oreilles finissait de l'assommer. Ses doigts caressèrent la terre, l'herbe mouillée par la rosée du matin et finalement, les restes brûlants d'un feu de camp. La commissure de ses paupières s'agrandit. Il distingue clairement sa chair brunir. Rien. Aucun douleur ne vient étirer ses traits endormis. L'esprit embrumé, il ne réalise le danger que lorsque la manche de sa chemise s'embrase. Se redressant brutalement, il la dégrafe et la jette sur au sol. Dans sa poitrine, un pincement. Il porte sa main à son regard et constate avec effroi l'étendu des dégâts. Un juron se glisse entre ses lèvres. Le camping est décidément plus risqué qu'en apparence. L'idée lui était venue quelques heures avant que le soleil ne se couche. A présent, au dessus de sa tête, il lui semblait voir l'étoile sourire.

« Toi et tes envies bizarres... »

Il rassembla ses affaires. N'ayant rien prit à part ses vêtements de la vieille, la tâche fut aisée. Avant de partir, il regarda à nouveau ses doigts et se demanda combien de temps les garderait-il dans cet état-là.
La forêt dans laquelle il avait passé la nuit n'était pas assez dense pour s'y perdre. Aussi retrouva t-il le chemin du retour sans problème. Ses chaussures, boueuses et détrempées, lui donnaient une sensation désagréable. Par deux fois, il laissa glisser ses doigts sur son crâne. Le maux de tête dont il était sujet depuis son réveil redoublait d'intensité.

« Enfin.. »

Il arrivait aux abords de la ville quand la cloche de l'église sonna huit heures du soir. Son ventre criait famine mais en premier lieu, il se rendit dans la réserve vestimentaire. En entrant, il suivit les flèches indiquant les vêtements pour homme et tomba sur la pièce en question. Le choix était tellement vaste qu'il ne savait même pas par où commencer. Il plongea sa main dans des casiers au hasard et débusqua une nouvelle chemise. Sans perdre un instant, il l'enfila et fit marche arrière. Il aurait pu sortir du bâtiment et courir s'acheter quelque chose pour calmer son estomac si quelque chose n'avait pas attirer son attention.

A cette heure-là, il s'attendait à trouver les lieux vides. Seulement, quelqu'un s'agitait belle et bien au fond de l'autre couloir. Intrigué, sa curiosité piquée au vif, il s'engagea dans l'allée et déboucha dans la partie habituellement réservées aux femmes. Un sourire étira un coin de sa bouche lorsqu'il reconnut la silhouette. La contrariété sur son visage ne l'effrayait pas. Lentement, silencieusement, il s'avança vers la jeune femme dos à lui.

« Un peu d'aide ? »

Surprise par le son de sa voix elle avait laissée ses mains suspendue dans son dos. Le bout délicat de ses ongles touchait à peine les boutons de la robe et sa position l'a faisait ressembler à un pantin. Elle aurait pu se sentir gênée qu'il l'a revoie de cette façon mais son calme avait chassé cette idée fugace. Un infime sourire avait étiré ses lèvres.

- Gabriel, l'homme de la situation. Je suppose que tu ne vois aucun inconvénient à venir m'aider ?

A mesure que la lumière s'affaiblissait elle avait sentit le vent se refroidir et son sifflement remplacer celui des oiseaux; et en glissant le long de sa peau il avait fait frémir son échine. Elle s'était retournée pour l'observer et fut surprise de ne remarquer qu'aujourd'hui son aspect propre et soigné. Son regard se posa ensuite sur son visage que sa jumelle qualifia sur le champ de "magnétique", ce qui l'a fit pouffer de rire sans raison devant lui. En avançant de quelques pas elle avait fini par se rapprocher assez de lui pour sentir son parfum. Mais les effluves de ce dernier ne faisait naître aucun souvenir dans son cœur et la tentation d'en créer un était forte. Elle enroula ses bras autour de son cou et colla son front contre le sien. La couleur de ses yeux, dans laquelle s'entrelaçaient un bleu pâle aux reflets émeraudes, l'hypnotisèrent un court instant pendant lequel son visage s'était rapproché des lèvres pâles de son ami. Dès lors qu'elle les pressa contre sa bouche ses paupières se refermèrent pour ne garder en tête que son regard. Elle regrettait amèrement de n'être sensible à aucune de ses qualités si ce n'était son toucher enivrant contre sa peau claire. Et bientôt la douceur de son baiser s'envola pour prendre des allures plus passionnées et plus sensuelles. Sa jumelle ignorait soigneusement ces sensations pour disparaître au plus profond de son âme car les caresses lascives de sa sœur l'a tourmentait trop. Cet égard l'a flatta.

- Tu sens le feu de bois, c'est étrange.

Elle arqua un sourcil de façon princière à l'évocation de son "petit incident". Ce n'était pas tant sa manière de le dire mais le mystère qui entourait cette phrase qui l'a fit plonger dans une perplexité profonde. Son esprit s'embuait d'images sauvages et érotiques dans lesquels Landcaster émergeait seul et c'était bien là le genre d'images qui l'a rendait receptive aux caresses de son partenaire et, aussi étrange que cela puisse paraître, l'a faisait rougir d'envie. Elle reprit doucement ses esprits et sentit s'installer une nouvelle intimité entre eux; sa main s'était liée à la sienne d'une façon paisible et douce qui aurait pu rappeler la façon d'agir d'un amant. Mais elle avait fermé l'accés de ces sensations à son coeur et ce qui coulait à présent dans ses veines n'était que cupidité et désir farouche.

Cette robe ne te sied pas mieux que la peau, avait-il dit. Elle ne pu s'empêcher d'afficher un grand sourire, comblée. Et sans qu'elle ai pu répondre à ses avances, Gabriel s'était déjà perdu contre ses lèvres à la façon d'un animal galvanisé. À la fois exaltée et surprise elle se colla vivement contre son corps pour ressentir son désir et lui faire partager le sien. En reculant elle avait déjà atteint une petite table basse sur laquelle elle manqua de s'allonger mais prise d'une ardente folie elle avait fermement saisie sa chemise et fait reculer à son tour le jeune homme. Sa main s'était alors glissée à l'intérieur de sa chemise pour pouvoir atteindre la peau brûlante à laquelle elle aspirait tant puis elle avait fait glisser ses lèvres le long de son cou pour parvenir à son torse viril. Elle avait commencé à mordiller sa peau lorsqu'un bruit suspect l'a fit brutalement se stopper. Leur souffle court et l'apparente désertion du magasin lui firent croire qu'elle avait imaginé ce bruit mais, par précaution, elle avait levé les yeux vers lui et dit :

- Cet endroit me file la chair de poule.

Une phrase juste assez explicative pour qu'elle se redresse et se faufile parmi les rayons, à la recherche de la sortie.